vendredi 29 octobre 2010

Fables et comptines de Nawak - Patrick-Olivier Crébacq




- I -
Le voleur d'échelle


Cette histoire me fut contée par un troubadour
Qui arrivait d'un pays d'au-delà des mers
Il raconta si bien de sa voix de velours
Que j'en ai rit à me taper le cul par terre.

Il s'agissait d'un homme, un simplet pour certains
Il était différent et on le jugeait fou
Mais il n’aimait rien tant qu'épauler son prochain
Il rendait donc service dès le matin debout.

Ce jour précisément, un plafond il peignait
Quand surgit à midi un drôle d'énergumène.
Le voyant de la sorte sur l'échelle perché
Il lui tint ces propos d'un absolu sans-gêne,

Vous voilà haut perché Monsieur le Picasso
N'y voyez pas malice, ni désir pulsionnel
Mais vaudrait mieux pour vous vous tenir au pinceau
Car je vais de ce pas vous retirer l'échelle.

Ce qu'il fit aussitôt et sans perdre de temps
Quitta la maisonnée, l'escabot sous le bras.
L'autre gars étonné et plutôt mécontent
Y est encore pendu depuis tout ce temps-là.


- II -
Le charpentier alcoolique


Un vaurien en goguette flânait en Capitale
Humant l'air printanier, lorgnant sur les coquettes,
Il aimait qu'on le vît, qu'on le prenne pour un mâle
Un vrai coq paradant au milieu des poulettes.

Au centre d'une place, il aperçoit son frère
Vendant à la criée son pamphlet de la veille.
Il se décide d'aller saluer le littéraire
Et l'alléger itou de son trop-plein d'oseille.

Et salut frère aimé, quel beau temps n'est-il pas ?
Paris en ce mois-ci est un endroit magique
Toutes ces jambes, ces hanches, ces fesses, tous ces appas
Mes deux yeux ne suffisent à mon désir lubrique.

Sinon, mon cher frérot, j'ai vu le charpentier
Ce matin, au café, après ses trois calvas
Sympathique gaillard mais un peu potinier
Voilà-t-il pas soudain qu'il me parle de toit...

De moi, s'étonne alors le frère déconcerté ?
Je le connais si peu, je le trouve vulgaire...
Non, de TOIT, ce qui est tout différent, pas vrai ?
Sinon, t’as pas dix balles pour me payer une bière ?

Le romancier alors ouvre des yeux énormes
Tout en tendant à son frère sa menue monnaie
Va boire à ma santé et à celle de cet homme
Assure-le, frérot, de toute mon amitié.


- III -
Le bourreau convivial

Par un matin d'été en ce mois Thermidor
Le comte Berthelot Pontbriand de Marzan
Sur l'échafaud dressé, monte en scène, un ténor
Le port fier, l'oeil brillant, pour tout dire, un géant.

Avant de basculer sur le lit de la veuve
Le bourreau fonctionnaire, bon enfant, consciencieux,
Lui propose, avant de se lancer dans l'épreuve,
Un pétard, le dernier, avant de dire adieux.

Poliment et d'un ton qui le caractérise,
Le comte sourit et répond au tranche-tête
Non merci mon cher il doit y avoir méprise,
J'essaye, depuis hier, d'arrêter la fumette.


- IV -
Le Commerçant et le Voleur

Gustave Lebertignac était un commerçant
À Limoges, quartier Sud, il s'était enrichi
Mais les années prospères dataient d'un autre temps
Aujourd'hui, le bourgeois mangeait du pain rassis.

La mode est capricieuse et les tendances instables
Le chapeau aujourd'hui est un achat désuet.
Sa boutique centenaire autrefois si rentable
Lui permettait à peine de payer ses loyers.

Une nuit qu'il dormait à moitié, angoissé
Un bruit inhabituel l'éveilla illico
En panique, en sueur, en chemise et nu-pieds
Il descend l'escalier, trouillomètre à zéro.

Le salon éclairé est sens dessus dessous,
Mobilier renversé et tiroirs retournés.
Au milieu un voleur, de dos, se tient debout
Qui se gratte la tête, il a l'air embêté.

Vous cherchez quelque chose de précis dites-moi ?
Sans se retourner le cambrioleur répond
De l'argent, bien sûr, que voulez-vous que ce soit...
De l'argent ? Moi aussi, cherchons et partageons.


- V -
Le missionnaire succulent

Vendre Dieu aux sauvages n'est pas chose facile
Le père Thibaud l'apprit, trop tard, à ses dépens.
Tandis qu'il sillonnait la savane, tranquille
Il tomba bêtement dans un pur guet-apens.

Transporté au village, en marmite il fut mis
Baies sauvages, oignons frais agrémentaient la soupe
Tandis que faisant cercle, tous ses nouveaux amis
Aiguisaient leur sagaie pour assurer la coupe.

Thibaud transpire un peu dans cette thalasso
Il n'est pas sur ces terres pour jouer au touriste
Et puis, finir en daube comme un simple pourceau
Est indigne, c'est vrai, d'un pur évangéliste.

Dans sa détresse il entend : à qui ai-je l'honneur ?
C'est le chef emplumé qui s'avance tout nu...
À quoi bon primitif, misérable pêcheur ?
Oh, c'est juste pour vous citer sur notre menu.


- VI -
Le zoologue et l’étrange rongeur

Dans l’herbe fraiche et humide d’une margelle,
Comme le doubitchou roulant sous son aisselle,
Dame souris, lascive, joue à Jézabel
Etalant, impudique, ses appas charnels.

Plus la belle fait ses gracieuses galipettes
Dans la mousse soyeuse de cressonnettes,
Plus son pelage, de prime abord gris-crevette,
Se couvre d’une subtile auréole verte.

« Ah ! Qu’est-donc cette diablerie ?», soliloqué-je.
« Suis-je dans le fief du Manda rom, du new-age ? »
Faisant fi de perfidie ou de sortilège,
J’ouvre alors, à fin de notes, mon spicilège.

Viennent trois gaillards probablement autochtones
Qui, sur la souris, doivent en connaître des tonnes,
A en croire le pantalon qu’ils déboutonnent,
Sans la moindre pudeur ni aucune vergogne.

Saisissant l’étrange muridé par la queue
Je le présente derechef à ces messieurs,
Quêtant quelque tuyau sur l’animal pulpeux :
« Ce poil vert signifie-t-il qu’il soit souffreteux ? »

« Nenni » me répond l’un, « trempez-le dans l’eau,
Vous verrez que toujours verte reste sa peau »
« Ou dans une huile» ajoute un autre damoiseau,
«Nul besoin encore de voir un dermato ».

« Mais, » assure illico le troisième larron
« Que ce soit huile ou eau, avec ou sans lardons,
Un escargot tout chaud sortira du chaudron
En lieu et place de ce lubrique raton. »

Je n’oserai jamais narrer cette aventure
Tous se demanderont à quoi donc je carbure ;
Ils m’enverront me soigner en maison de cure
Dans une maison ceinte de hautes clôtures.


- VII -
Le gazier nocturne

Il me vient un merveilleux souvenir d’enfance
Qu’il m’est tant impossible de garder secret
Dans les sombres alcôves de mes souvenances,
Que j’aurais plaisir, à présent, de vous narrer.

Quand, sur le mouvant miroir du lac de Constance
Flottait la lune généreuse de clarté,
Il me plaisait alors d’oser des flatulences
Lorsque dans l’eau claire je me laissais glisser.

Des bulles, des lors, remontaient en abondance
Et le jouvenceau que j’étais riait, riait
Parfois il s’en dégageait certaines fragrances
Dont les senteurs révélaient le dernier diner.

Un soir que je vaquais à la même expérience,
Mère-grand, par l’infâme relent dérangée,
Surgit, tenant ses ciseaux de couture immenses
Et coupa en moult morceaux mon charnu fessier.


- VIII -
Petit Esquimau va pêcher

En ce matin glacé, quittant son chaud repère
Petit Esquimau partait pêcher le saumon
Comme jadis son père ou encore son grand-père
Il se savait brave et voulait se faire un nom.

Il marche depuis des heures contre les vents polaires
Qu'importent les bourrasques, le givre, l'épuisement,
Il avance, bravant les dieux atrabilaires
Il sait que tout au bout c'est son adoubement.

Enfin les cieux se calment et la glace apparaît
Limpide, pure, éclatante, il pose son matos.
Il commence à percer l'orifice adapté
Et qui fera de lui, c'est certain, un colosse.

Mais soudain, une voix sépulcrale retentit
Elle vient du ciel, c'est sûr, aucun doute la-dessus
"MON GARÇON, IL N'Y A PAS DE POISSON ICI !!! "
Il s'arrête et remballe, ma foi un peu déçu...

Il s'en va donc plus loin, recommence son manège
Et la voix aussitôt résonne dans l'espace
"VOYONS MON GARÇON, VA AILLEURS POSER TES PIÈGES !!! "
Mais qui me parle ainsi ? Parce que là c'est l'angoisse...

Petit Esquimau tremble, il craint l'ire divine.
La voix alors résonne, terrible et sans espoir
Provoquant chez lui une montée d'adrénaline,
"ICI LE DIRECTEUR DE CETTE PATINOIRE !!!"


- IX -
La sourde oreille

Voyageur, si d’aventure en terre africaine,
Ton chemin te mène en cette belle oasis,
Ne soit pas surpris si tu vois les indigènes
Bananes aux oreilles vrillées telles des vis.

Nul, pas même l’érudit, n’en sait l’origine.
D’aucun pense qu’il s’agit de coquetterie
D’autres de séculaire coutume bédouine,
Visant à sauvegarder l’esgourde du bruit.

Par un beau matin, un étranger harassé
Posa son havresac à l’ombre d’un fusain
Et, ouvrant son viatique pour se sustenter,
Nota l’étrange attribut d’un de ses voisins.

Pensant à un mal auriculaire incongru,
Il posa son quart-bordeaux et son jambon-beurre
Et décida d’en informer cet inconnu
Mû par le pieux désir d’un acte salvateur.

« L’ami ! N’allez pas voir en moi de l’ingérence ;
Mais j’avoue n’avoir jamais vu chose pareille :
Je ne sais s’il s’agit d’ergot ou d’excroissance,
Vous avez une banane dans chaque oreille ».

L’homme demeurant muet, il réitéra
Et insista plus que ne le permet l’usage.
Pour finir, le berbère sa banane ôta
Faisant ainsi sinistres bruits de cartilages.

« Etranger! Il me semble sans en être bien sûr
Que vous tentez de me narrer quelque vanne
Mais mes pavillons n’en on capté que brisures
Car il se trouve que j’y ai niché des bananes »


- X -
Le condamné malchanceux

Mon ami poète narra il y a peu
L'histoire d'un pauvre malandrin condamné
Qui, au moment fatidique de dire adieu,
Décida in situ de cesser de fumer.

Il existe au sujet de cet échafaudé,
A mon tour je vais la conter, une rumeur,
(Était-ce le bourreau, sa morue ou dédé?)
Une anecdote plus-rigolote-tu-meurs:

Au matin de l'appel vers son fatal destin,
Le futur occis, au sortir de sa cellule,
Ému,sans doute, car plus de clope, enfin!
Oublia qu'il était gaulé comme un hercule.

De fait, son crâne heurta l'huis, y ripa son nez,
Il tomba, se fit fracture et autres tourments.
Marri, il grogna:"ça sent pas belle journée!.."
Pour ma part,je trouve cela fort truculent!..


- XI -
Les 3 Gorets

Dans la douce campagne de Haute-Moldavie,
Ce pays qui connu tant d'illustres portraits,
Vivaient très heureuse et en totale harmonie
La famille de Monsieur et de sa Dame Goret.

Ces deux-là ont trois beaux adorables petits
Mais vous savez sans doute comment sont les enfants
On a beau faire au mieux, on est parfois surpris
Les trois marmots se révélèrent bien différents.

Le premier est virtuose et veut être musicien
Le deuxième sur les planches aime s'envisager
Le dernier, bricoleur, est la fierté des siens
Mais tous trois sont unis, normal ils sont triplés.

Tradition familiale, ils seront architectes
Les ancêtres Goret s'y sont tous exercés
L'ambition parentale est glosée, deux objectent
Mais le père fait savoir qu'aucun choix n'est donné.

À la ville ils iront se former à cet art
L'heure est venue pour eux de quitter la maison
Il n'est pas un Goret qui ait fait de ses chiards
Un fainéant parasite, une demi-portion.

Ainsi donc ils s'en vont après bien des adieux
Mère Goret est en larme, ses petits partent loin
Le père quant à lui, reste digne majestueux
Il pleurera plus tard, une fois seul, sans témoin.

Et les voilà en route, en ce jour de juillet
Mais déjà ils lambinent et font des galipettes.
Deux sur trois en tout cas ne pensent qu'à jouer
Le dernier comme toujours leur gâche un peu la fête.

À ce train, leur dit-il, nous serons en retard
Lâche-nous s'il te plaît, s'entend-t-il rétorquer
Nous avons la semaine pour rejoindre Magyar
Restons là deux, trois jours histoire de rigoler.

Et bien soit, c'est d'accord mais à une condition
D'un abri pour nos nuits nous aurons tous besoin
Bâtissons avant tout chacun notre maison
S'il vous plaît, pour une fois, travaillez avec soin.

Le premier sort alors aussitôt son violon
Et s'en va gambader dans les prés en jouant
J'ai bien le temps pense-t-il, pour mon cabanon
Il n'est rien de plus fort que mon bel instrument.

Le comédien, fâché se drape dans sa cape
Comment peut-on ici exercer son talent ?
Tu y comprends peau d'balle, lâche-nous donc la grappe
Construis-toi ton isba puisque tu y tiens tant.

Qu'il en soit donc ainsi, je vous aurai prévenu
Règne ici en seigneur un prédateur féroce
Sans abris nous risquons d'être inscrits au menu
Et de connaître ainsi une agonie précoce…

Tandis que les frérots farandolent ailleurs
Le bon petit maçon prépare son mortier
Et dresse peu à peu quatre murs protecteurs,
Pose dessus un toit rouge et sa belle cheminée.

À peine l'œuvre magistrale est-elle parachevée
L'observant en détail, en parfait connaisseur,
Surgit du champ voisin un nuage de fumée
C'est le grand prédateur sur son puissant tracteur.

Ses frères sont loin et, pour l'instant, ne craignent rien.
Il se réfugie illico dans son bunker.
Le Pagu freine à mort et stoppe son engin
Acré Nom de Dieux ! Ça, c'est vraiment pas casher.

Millediou, qu'est-ce donc que cette porcherie ?
Encore un qui se prend pour un Le Corbusier
Franchement, les portées de l'année sont pourries
Je m'en vais te transformer tout ça en pâté.

Il embraye la première et fonce droit devant
L’abri inconséquent est rayé du pays.
Le goret bâtisseur déguerpit en couinant
Sachant qu'il finira sa course en charcuterie.

Le fermier le capture et l'égorge d'un trait
Et tandis qu'il se vide lentement de sa vie
Il voit au loin ses frères continuant à danser
Sous le regard bonhomme du bourreau attendri.

Notre père avait tort et vous aviez raison
La vie ne donne pas ce que l'on attend d'elle
Mieux vaut rire, chanter et danser à foison
Seuls plaisirs et délices ici bas sont réels.


- XII -
Les canards facécieux

Mon ami Hiolito, chaque jour que Dieu fait,
Me sort la même vanne, inexorablement.
Il ne s'en lasse pas, jamais au grand jamais
En fait il est toujours resté un grand enfant.

Ce matin, comme toujours, je suis fort en retard.
Il m'attend, embusqué et me lance de très loin
Sais-tu ami Patbac où se cachent les canards ?
Mon silence en dit long. Il répond… DANS LES COINS !


- XIII -
L'escargot hémiplégique et le guépard olympique

Raoul Jambouille, gastéropode de son état,
Avait un rêve fou qu'il tenait de l'enfance.
Il se voyait champion, non pas de canasta,
Mais de cent mètres haies, bigre, quelle espérance !

Le problème du mollusque, chacun l'aura compris,
Réside dans son manque absolu de ressort.
Quand on sait que Raoul souffre d'hémiplégie
On attend, c'est certain, un grand moment de sport.

Il s'entraîne, il en veut, il cherche le podium,
Les honneurs, les vivats et puis aussi les femmes.
Il se voit concourir au prochain critérium,
Devenir un héros, celui que l'on acclame.

Il réside, de ce fait, pour mieux se préparer,
Sur le bord de la piste, en couloir intérieur.
Il voit passer ainsi, qui viennent s'entraîner,
Des coureurs parmi ceux que l'on dit les meilleurs.

Un surtout, le fascine, c'est une vraie fusée,
Il s'agit de Brandon, un félin fort véloce.
Et même si ce dernier gagne tout chaque année,
Raoul sait bien qu'il peut faire chuter le colosse.

Alors donc, il se lance, il faut qu'il se compare
Savoir si son niveau mérite qu'il persévère.
Un jour, que près de lui, s'arrête le guépard
Aussitôt il l'aborde d'un ton de va-t-en-guerre.

Oseriez-vous, Mon Cher, vous mesurer à moi,
Savoir si vos jarrets sont toujours en acier ?
Je parie bien que non, j'en ai fait le constat.
En vous voyant courir, j'ai eu de vous pitié.

Votre gloire est passée et vous le savez bien.
Vous étiez une étoile mais vous ne brillez plus.
Au mieux pourriez-vous devenir marathonien
Mais la vitesse, pour vous, désormais est exclue.

Certes vous possédez l'allure et la prestance
Un pelage design, des yeux ensorceleurs,
Une classe naturelle, une grande élégance
Vous êtes sûrement des dames le tombeur.

Mais ici sur ce stade, fini les faux-semblants
Nous sommes entre champions et vous lance un défi.
Je compte vous infliger un revers offensant
Un de ceux qui détruisent le restant d'une vie.

L'Express de la savane le regarde, médusé.
A-t-il bien entendu l'harangue du baveux ?
La moustache vibrante il répond au fluet
Ainsi soit-il, prenez la une, je prends la deux.

Au blaireau qui passait dans le coin par hasard,
On confie l'arbitrage et le chronométrage
Et quand arrive enfin le signal du départ
Les concurrents s'élancent dans la course sauvage.

Le guépard se permet dix allers et retours
Histoire de confirmer son insolente forme.
L'arbitre annonce alors le vainqueur du concours
Et déclare perdant le mollusque difforme.

L'épreuve n'a duré qu'une brève minute
Et Raoul n'a conquis qu'un maigre millimètre.
Il aurait bien aimé remporter cette lutte
Il sait qu'il peut le faire, une autre fois, peut-être.

Le Champion le saisit entre deux griffes blanches
Le contemple un instant et l'avale d'un coup.
Allez, mon petit vieux, à charge de revanche,
J'espère que tu n'as pas un sale arrière-goût.

À souhaiter être un autre, il faut raison garder
Et vouloir concourir contre un parfait champion
Est une couillonnade, vous l'aurez constaté.
On peut donc affirmer : La Fontaine est un con.


- XIV -
L'agenda en croco

Deux mille avant J.C., l'Egypte est rayonnante,
Son Empire s'étend bien plus loin que jamais.
L'armée de Pharaon toujours plus conquérante
Impose sa culture et ses divinités.

Pendant ce temps le Nil fertilise la terre
Et voit ses crocodiles se dorer au soleil.
Ils sont grands, ils sont gras, pour tout dire prospères
Pratiquant avant tout les bienfaits du sommeil.

Ce jour précisément un groupe se réveille
Qui s'étire, se dérouille, tout encore engourdi
Et puis l'un dit alors en baillant aux corneilles :
J'me fais pas à l'idée que l'on soit Mercredi.


- XV -
L’ignare et le Faiseur d’ombres

C’était la fin d’un jour gorgé d’éblouissance,
A l’heure où les ombres s’étirent de sommeil
Et le soleil aux hommes fait sa révérence,
Dardant dans les yeux ses derniers rayons vermeils.

Un voyageur, las de chaleur et de poussière,
S’abreuvait de fraîcheur au pied d’un marronnier,
Lorsqu’une scène pour le moins singulière
Lui fit oublier ses cloques et ses maux de pieds :

Un quidam observait, juché sur un rocher,
L’horizon déversant ses ultimes éclats
Sur les vitres des fermes et ses dents ébréchées,
Sans que, semblait-il, la lumière ne l’aveuglât.

Il portait sa dextre paume à l’horizontale
Plaquée en chanfrein sur la ligne des sourcils
Juste au-dessus de ses cavités orbitales,
Enfonçant celles-ci dans une ombre adoucie.

Le voyageur apostropha donc le solitaire :
« Mon ami, pardonnez ma curiosité,
Quelle est la raison de cette pose palmaire
Dont vous faites grand usage de votre guet ? »

« Je vous répondrai, cher pardonnable ignorant,
Que j’ai découvert ceci un peu par hasard.
Avant, je plaçais la main verticalement,
Là, contre mes yeux, et j’étais dans le brouillard.»

Rusé et devinant juteuse découverte,
Le voyageur prit moultes notes et esquisses
Afin de ne point oublier le fameux geste
Qu’il monnaiera en même temps que ses épices.


- XVI -
La blonde aquaphobe

Le long d’un ruisseau, une jeune blondinette
Que la nature dota de tout hormis de tête
Batifolait et faisait sauts et galipettes
Digérant du midi flageolets et paupiettes.

Peu consciente que la berge fut si pentue,
La sotte ripa et, bien que s’étant battue,
Finit fatalement par choir toute vêtue,
Dans l’onde rejoindre silures et hotus.

Une fois sortie de l’eau et ses oripeaux essorés,
Elle repartit, mais un nouveau coup d’arrêt,
Une sournoise branchette, un coupe-jarret
La fit trébucher et les poissons retrouver.

La benette, à nouveau sortit de guerre lasse
« Assez de ces rus et rivières! Je me lasse ! »
Et elle s’en fut…Comme le disait Ignace :
« Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse »


- XVII -
La femme d'Archimède

Au chapitre édifiant des grandes inventions
De celles qui portent haut l'inspiration humaine
Il en est une brillante, pour tout dire d'exception
Qui transforme les autres en viles calembredaines.

Syracuse, l'antique, est une cité prospère
Le commerce et les arts y sont très florissants.
Un savant consciencieux, mari aimant, bon père,
Exerce ce métier plutôt enrichissant.

Le métier pour tout dire est assez éprouvant
Car en plus de penser, notre homme expérimente
Et c'est une baignoire d'un liquide bouillant
Qui cause à son corps des brûlures violentes.

Trop torride à son goût, le trempage quotidien
Mine notre penseur qui souffre mille maux.
À tel point qu'un beau jour, il avertit les siens
Qu'il décide d'arrêter car il n'est pas maso.

Sa femme attentionnée, inquiète mais finaude
Recherche intensément une idée salvatrice.
À cause d'une théorie et d'une eau bien trop chaude
L'affaire familiale est au bord des abysses.

Soudain l'idée jaillit, flagrante et lumineuse
L'évidence était là, elle en pleure de joie.
Mon bon mari, dit-elle, d'une voix enjôleuse,
Vos souffrances ont enfin un remède adéquat.

À une mesure d'eau froide, mélangez-y alors
Une ration égale d'une même eau brûlante.
Vous tremperez ainsi de façon indolore
Votre mâle personne que je trouve charmante.

SI cette eau tempérée, rebaptisée eau tiède
Coule aujourd'hui de source de tous nos robinets,
Rendons ici hommage à Madame Archimède
Qui créa ce bienfait pour son époux aimé.


- XVIII -
La Rappeuse et la Banquière

Dans la liste infinie des assertions idiotes
Tout, de notre ami Jean, peut être contesté.
De ses fables aujourd'hui les morales vieillottes
S'accommodent fort peu de notre société.
L'évolution des mœurs, les valeurs différentes
Sont aujourd'hui la cause de ce grand décalage.
Le vice et la vertu bien souvent s'apparentent
Et prennent à l'envie la tête de l’attelage.
Ce qui honni hier sera demain aux nues
Ou bien alors goûté et puis enfin vomi,
La société humaine est ainsi saugrenue
Que rien n'est éternel, rien n'est jamais acquis.

Voyez Marie-Chantal, ce qu'elle fit de sa vie
Vertueuse caricature, en tous points admirable
Directrice de banque, elle devint par envie
Et obtint un statut parmi les plus enviables.
Salaire, SICAV, actions, elle en veut toujours plus
Amassant dans son coffre les fruits de son labeur.
Elle s'échine sans relâche à courir les bonus
Pensant avoir saisi l'essence du bonheur.
Et puis survint la crise, le krach, le cataclysme
Tout ce qui fut acquis ne vaut plus un kopeck.
Elle en perd le sommeil, sombre dans l'éthylisme
Se retrouve à la rue, sans emploi, au pain sec.

Dans un autre quartier, au-delà du Périf
Dana, la belle arabe, rappeuse de vocation,
Chante pour ses amis, se paye de sacrés kifs,
Ne pense qu'à la zique, s'y donne sans concession.
Elle vit l'instant présent, à fond dans son délire
Perfectionnant son art chaque jour d'avantage
Elle envisage même bientôt de se produire
En quête de viva elle part à l'abordage.
De concerts en tournées, les fans se multiplient
Et se comptent désormais en centaines de milliers
La belle est au sommet, son rêve s'est accompli
Elle possède aujourd'hui, richesse, gloire et succès.

De l'austère fourmi, avide et amasseuse
Ou bien de la cigale, chanteuse et insouciante,
Qui mérite vraiment de vivre bienheureuse,
Quel modèle choisir, quelle est l'option gagnante ?
La Fontaine en son temps glorifiait la rigueur,
Et il y a peu encore la peine était vertu
Mais aujourd'hui macache, c'est le souk des valeurs
Jeannot t'es dépassé, mon vieux tu l'as dans l'…

lundi 14 juin 2010

Sonnets frappés - Patrick-Olivier Crébacq





Je me languis déjà de tes joutes oratoires
Quand mordant dans les mots comme on mord dans la viande,
Raffiné et piquant, fascinant l'auditoire,
Tu cassais les faquins faisant enfler leurs glandes.

Qu'il me manque ce temps, jadis si prometteur
Où nous allions gaiement harceler le maraud
Au bar de ce faubourg quand nos doigts baladeurs
S'insinuaient joliment en nos sombres caveaux…

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Mon tout petit Patrick
Ton sonnet fort épique
me donnerait la trique
s'il n'y avait un hic:

L'alexandrin est chic
douze pieds, magnifique!
je ne suis point cynique
mais plutôt méthodique.

En effet, mon Patbac
Le premier vers fait couac
Treize pieds sont en vrac
ton lai est dans le lac.

Relis et point ne craque.
Va querir un big-mac,
reprend en main ton Mac,
corrige ou t'as ta claque.

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À me chercher querelle
Les pinceaux tu t'emmêles
Avant savoir compter
Savoir lire put t'aider !!!

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Fi! Par la malpeste! Vil Faquin tubereux!
Tu oses donc déchaîner ma divine ire ?!
Ces alexandrins pour toi, pauvre malheureux,
et t'aviser la venue de mes féaux sbires!

Tremble manant et craint leurs nerveux braquemards
lorsque l'orage dardera ses traits humides
ton entrefesse subira grand tintammare
et déchaînements lubriques de mes numides.

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Des menaces, des menaces, voilà bien des menaces,
À moins de n'y voir que propositions salaces...
Tu peux bien, petit coq, sur tes ergots monter,
Sauter, t'agiter, aboyer tel le roquet...

Je me gausse, je m'esclaffe, je pars en dérision,
Tu ne sais qui tu railles, tu frôles la déraison...
Tes sbires et tes numides, j'en fais mon ordinaire,
Chaque jour je me goinfre six bœufs, trois dromadaires...

Ton courage inconscient aurait pu me botter,
J'adore la franchise et la sincérité...
Je ne vois qu'arrogance, injures, provocation
Tu seras donc châtié, empalé par le fond.

J'étalerai tes tripes sur les murs de Paris,
Je jetterai aux rats ton infime zizi
J'insulterai ta sœur en bas sénégalais
Ton nom deviendra insulte ou obscénité...

Faisez gaffe triste sire !!!

-

En attendant tes vers, j'affûte mes arguments.
Crains mes mots, mon courroux, ma vengeance, mes assauts,
Retires-toi, il est temps de ce duel imprudent
Préfère la marelle, la corde ou le cerceau...

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la paix qu'entre nos vers je voulais parsemer
Un grand coup dans la gueule a pris par le Tarnais.
un jour, pensais-je, finirions nous par s'aimer
Mais non! Cuistre, prend donc ce soufflet dans le nez!

Ah! La rime est facile lorsqu'on fait du Cabrel
et cacher ses viles piques sous une ombrelle
Essayez plutôt comme moi de faire du Brel
Vous verrez: cela change d'être un peu moins brêle.

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Un Brel de pacotille mais qu'importe après tout
Seul le sot se persuade être au-dessus du lot
Quant à Francis Cabrel qu'a-t-il fait millediou
Pour mériter ainsi ton dédain, saligaud ?

Cette paix évoquée, peut-être y songerai-je
Quand de ton être vain il ne restera rien
En l'instant permets-moi cet ultime privilège
De savourer ta fin, d'en créer le moyen.

Tu as beau faire le fier, te trouver beau et fort
Je connais tes limites, ta hauteur de plafond
D'aucune échelle n'ai besoin ni d'aucun effort
Pour te toucher, te couler, t'envoyer au fond.

Mais peut-être qu'après tout ce combat est partial
Et vaincre sans combattre est une usurpation
Je t'accorde la vie, sois mon objet féal,
Vénère ton Dieu, je t'éviterai l'humiliation.

------

Soudain j'ai envie d'en rajouter une couche
Constates comme je suis bien dans mes babouches
lorsqu'il s'agit de faire des rimes en "ouche".
en éludant, finaud, d'oiseuses escarmouches.

Ois ce silence juste troublé par la mouche
qui, t' avisant, outrecuidant rimailleur louche
choisit de fuir l'abjecte haleine de ta bouche.
Donc, somme toute:"qui se sent morveux se mouche!"

-

Ah crotte! j'ai envoyé mes "ouches" en sac
juste avant ta perfide nouvelle attaque.
Là, faut que j'y aille car je suis en vrac.
mais je t'aurais, tu resteras sur le tarmac.
et moi, jouissance aurai dans mon hamac.
non mais sans blac!

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J'attends, je trépigne, je piaffe, je tourne en cage,
Où est le troubadour, où donc est le poète
Qui hier sans détour ni aucun maquillage
Cherchait noises rudement, où est-il ? Je m'inquiète...

Un fusible calciné ? Son cerveau surchauffé
Sans aucun doute, par la suite, aura rendu l'âme
Une chiasse andalouse méchamment gratinée ?
L'absence d'inspiration faisant dire "je me pâme" ?

Le bonhomme est en panne, il panique, c'est certain
Je le sens aux abois, en sueur, affolé,
Je pousse mon avantage, j'avance à vue, serein
Certain de ma victoire, j'avance pour l'achever.

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Ô intarissable rimailleur provincial,
Fidèle dévôt de mes si sublimes rimes,
impatience tu demontres depuis ton bercail,
ivre d'espoir d'enfin t'abreuver de sublime.

Mon verbe n'était point tari, bougre d'animal.
L'andalouse, dont tu es le sournois complice,
a bien tenté de mettre mon tréfond à mal,
lançant assauts et piques là où la peau plisse.

Mais le Normand est fort sitôt son Calva pris
Tes crotteux amis n'ont point la bonne formule
Et il est toujours trop tard lorsqu'ils ont compris
que c'est bien moi, en conquérant, qui les encule.

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J'ai dû de mon côté exercer formation,
C'est une autre casquette que je porte à mes heures,
Auprès d'une entreprise sise en Aveyron
Ces instants pédagos suffisent à mon bonheur.

C'est l'alibi, le fondement de mon silence.
N'imagine surtout pas que je fuis l'affrontement,
Tes rimes à deux sesterces, livides flatulences,
Ne sont qu'une boutade, un simple amusement.

Ceci dit, je l'avoue, et sans flagornerie,
J'ai noté dans tes vers une sursaut de talent
Ne va pas pour autant te consacrer génie
S'agit-il d'une secousse, d'un simple accident ?

Mais contentons-nous du peu, pas de fine-bouche
Sans doute avec l'usage sauras-tu éclipser
Cette image de gros lourd et d'enculeur de mouche
Mais le chemin à parcourir reste escarpé.

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Je sens que de ta cahute tu te languis ;
le Bacquet n’a pas le nirvana du Yogi ;
Impatient, il nous fais la danse de saint-guy
Peut-être quelques glissés de boogie-woogie.

Mais il n’est pas facile de rimer en « gui »
A moins bien sur de s’appeler Benguigui ;
« Di beaux alixandrins Ji vi ti fourgui »
Se vantait-il à son entourage groggy.

Caressant le doux pelage de mon sloughi,
à l’ombre d’un dattier, de ma tente targuie
feuilletant du De Maupassant, prénommé Guy
j’attends, par exemple, rimes en « oif », alangui…

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La rime est délicate, je parle de celle en Oif
Comme je n'ai pas envie de rester en carafe
J'ai trouvé la parade mais tu mérites des baffes
Tu copieras cent fois, "je suis un psychographe"

Tu m'imposas le Oif mais je dévie vers l' Af
N'ayant vraiment que faire de ton injonction faf
Je fais ce que je veux et, comme la girafe,
Je vais cueillir très haut la feuille pour mon paraphe

Ainsi je trace à l'encre tel l'ancien hagiographe
Ces quelques mots frivoles, ce charmant épigraphe
Et pour finir je monte dans mon bathyscaphe
En te saluant bien bas mon cher perturbographe

A toi de jouer demain petit pseudépigraphe
Que penses-tu de "ing" pour ta cervelle de piaf ?
Je me délecte déjà riant jusqu'à plus soif...
Sur ce, je vais me préparer un riz pilaf

Bye mon cochon, tchao poupée, adios darling
Prépare-toi à l'effort, opte pour un training...

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Ah Perfide ! tu crois me piéger avec « ing » ?
Sans doute espères-tu que cela me déglingue
Mais tu le sais, jeune fat, je suis multilingue
Aussi à l’aise en Berrichon, Turc ou Mandingue.

En tous sabirs et idiomes je me distingue :
Toujours à l’aise dans mes baskets et mes fringues
Mes rimes sont aussi riches que mes pouddingues.
Et mes vers aussi beaux qu’un œuf sur un parpaing.

Tu vois, bon usage je fais de ton blanc-seing.
J’aurais pu user d’accent Marseillais, putaing !
Ou de l’Anglais, avec des mots comme…« darlingue » …
Mais il serait si facile d’être lourdingue…

Je biffe donc ce défi à coups de wassingue
Et m’en vais d’un bon pas, quoiqu’ à toute berzingue
Querir quelque ami féal pour faire la bringue.
En attendant, la rime en « ouc » te rendras dingue.

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Puisque tu veux jouer avec la rime en "ouc"
Je relève le défi, je branche mon macbook,
J'ai su rester moderne, même au milieu des ploucs,
Ceci dit ce n'est pas le pays des Kalmouks.

Je pianote, d'une main, dans l'autre un Comic Book,
Tout en me recoiffant, je fais gaffe à mon look,
Le tout en me douchant pour ne pas puer le bouc
Je me ris, je me gausse de cette rime en "ouc".

De lutter hardiment contre un bachi-bouzouk,
Ou bien de fracasser le crâne d'un Mamelouk
Eut été, je conçois, un véritable souk...
Un défi d'amateur que cette rime en "ouc".

Je me lasse, je m'ennuie, je monte dans ma felouque
Je passe allégrement de la rime à la souque
J'espère avant ce soir débarquer à Tobrouk
J'en ferai un récit détaillé sur Facebook.

Voilà ce que je fais de ta rimaille en "ouc"
Roules-la, et enfonce-là dans ton troudouc !
Rime en "ong" pour toi, laisse tomber le nansouk
À ta tisane du soir rajoute donc une couque !

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Cette joute, telle une partie de ping-pong,
M’excite au point que, sous la moiteur du sarong
Que, lorsque les nuits d’été sont chaudes et longues,
Je porte pour bien être à l’aise dans mes tongs,
Je ne peux calmer le feu de ma forme oblongue.

Qu’est ce que ce pubère défi à vingt-cinq dongs ?
Je crains, cher plouc, de t’humilier à la longue ;
Vois ton trépas rester couché au son du gong !
Ois comment ton crane vide peut faire « ding-dong ».

Laisse tomber les rimes et va jouer au mahjong.
Ou va voir cette expo sur la dynastie Song
Plus abordable que celle sur les vietcongs
Ou ce film avec Travolta, je crois : « Love song »...

Rime en « ouf » et désormais ronge-toi les ongues.
Pardon ! Le « L » j’ai omis car je fume un bong.

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Il est bien superflu de faire un tel barouf
Je vais finir par croire que tu es un pignouf
Patiente mon petit car pour tes rimes en ouf
C'est entre deux clients qu'elles naissent, sans esbroufe.

Elles ne sont primordiales, j'ai trop chaud et fais ouf !
Je m'affale un instant, liquéfié, sur un pouf.
J'ai tombé la chemise et chaussé les pantoufles
Je vais même m'octroyer dans mon bassin un plouf !

Tu m'appelles "amateur", permets-tu que je pouffe ?
Laisse-moi à mon tour de traiter de maroufle.
Tu es tellement petit à peine plus qu'un schtroumpf
Je t'attrape, je t'équeute et presto, je te bouffe.

Mais voilà, le temps passe, je cherche dans mon roof
Une rime tordue, pour toi gros patapouf,
Pour que tes cheveux gras, tu t'arraches par touffes,
Ta destinée c'est perdre, finir dans la mistoufle.

"Ague" est la rime, facile, car je sais que tu souffes,
J'ai pitié, je sais que tu es au bord du gouffe
Prends des forces, prépare-toi une bonne petite bouffe,
Pète un coup et paie-toi une jeune et grosse pouf.

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Ô mauvais rimeur de « ouf », dis-moi, c’est un gag ?
Ce défi de niveau primaire est une blague !
Tu m’as pris pour Toto, je crois que tu divagues…
Grave offense tu fais, à moi et au Reichstag.

Pour peine expédié tu seras dans un goulag
Bâtiment « Randal 5B » sera ton stalag.
Mes gardes peu enclins à la gentille drague
Préfèrent de loin fouraillages et autres schlagues.

Tes chevilles seront attelées par des bagues
Si tu échappes aux rais émis des nuraghes,
Tu auras beau tenter de t’enfuir en zigzag
Tu subiras moults lancers de traits et de dagues.

A vainement courir choieras dans la madrague
Qu’habilement j’aurais glissé parmi les vagues
Là où vont morues, maquereaux et pastenagues.
Quoique tu fasses et où que tu sois, je t’alpague !..

Attention à la chute : tu n’as pas d’airbag !
Tes vains atermoiements de « best-rimeur », j’élague
Et Comme disait le Normand Azouz Begag
On ne sait rimer en « ogue » que vers La Hague.

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Désolé d'avoir pris ton tombeau pour des gogues,
Comme tu vois je peux être moi aussi démagogue.
J'ai pourtant grand désir d'envoyer mon bouledogue,
Achever le travail en guise d'épilogue.

Mais assez de querelle dirait le décalogue
Aimons-nous simplement, revenons au dialogue.
Soyons frères de vers, dressons le catalogue
De ce qui nous rassemble, de nos liens analogues.

Se pourrait-il qu'un jour quelques archéologues
Subtils explorateurs, réputés dendrologues,
Remettent au goût du jour ce qui nous sert de blog
Pour enrichir le fond de tous les philologues ?

Mais je rêve, je m'égare, j'ai la fièvre, vite un grog,
Ou peut-être la faim ? Vite un ventru hot-dog
Un verre de Labegorge, je suis fin oenologue,
Juste un verre, un conseil de mon pote alcoologue.

Pour finir la ballade de ces versets en "ogue"
Je te propose "out" en bon criminologue.

Fin alternative

Pour finir la ballade de ces versets en "ogue"
Je te propose "prout" en tant que proctologue.

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Cette rime, j’avoue, me donne la biroute
Bien plus cossue que d’autres trouvées sur ma route.
Bon ! De prime abord m’imposez la rime en « out »
Ce qui, avouez, est pour moi un casse-croute.

Puis, sans ambages, vous me proposez du « prout » !
Revenez sur terre : ormis le graveleux « prout ! »
Je ne vois qu’en Roumanie la rivière Prout.
Je sais : trop cultivé, je suis un peu prout-prout…

A l’instar du « oif » qui scella votre déroute,
Compromis je fais pour éviter banqueroute.
Passé l’us de décliner mes valides « prout »
Je fais, et vous l’aurez noté, des rimes en « rout ».

D’emblée cela me fait penser à l’autoroute
Que j’emprunterai avant que je ne m’encroute
Vers les contrées où le Baquet et consorts broutent.
Prépare ode en « ouve », d’avance je froufroute.

-

Mais enfin qu’est ce que ce putain de bordel !
Serais-tu enfermé dans quelque citadelle
Fouraillant jeune et bel éphèbe en sa rondelle
Avec- je connais tes carences- une chandelle,
Vomissant stupre et lucre dans une ridelle ?

Je sais, de probité, tu n’es guère un modèle
(Souviens-toi, tu faillis me quitter pour Faudel)
Mais de là à m’être vilement infidèle…
L’orage gronde et volent bas les hirondelles.
Prend garde ! Avec elles je viens à tire d’aile…

Prépare, félon, tes chèvres et ton haridelle
Qu’en hommage à Hugo tu appelas Adèle.
Elles auront grand plaisir que je m’occupe d’elles
Pendant que tu regardes le dernier Vandel
Ou bien t’inities au tango avec Gardel.

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(Temps mort demandé)

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Soit! Considérons qu'il s'agit là d'une trêve.
Pour ma part, tu vois, je ne me mets pas en grève.
Tu l'as compris, je jouis, je mouille quand j'achève.
Ma gloire, sur tes racornies petites fèves,
S’abat telle Conan le Barbare et son glaive.
Ouis-tu le vent de la honte qui se soulève?
Ah! C’est sur, il y a des rimes dont tu rêves:
"Ul" ou "ouille" pour ne citer qu'elles. Hein? T’en crèves.

Mais il faut que notre belle œuvre on parachève.
J’attendrai que l’inspiration, comme la sève,
Monte encor en toi, comme Adam monta sur Eve,
Et que, dans une jouissance subtile et brève,
De te lire fasse que ma chose se lève.

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Ça y est ! Finis vacances râteau et pelle !
De retour à Paris, ses klaxons et tunnels,
Ses majeurs tendus et ses oiseuses querelles,
Son métro gorgé de relents pestilentiels.

J’ouïs ton impatience d’avoir de mes nouvelles,
Et devine très bien ton languissant appel.
Ton amour pour moi mérite bien ce courriel.
Ne pleure plus, ami, je suis là, vif et bel. .

Enfin, il fallait bien rendre hommage à celle
Qui, la nuit, supporte sans chercher querelle
Tes longs pets langoureux à quinze décibels.
Voire tes bestiaux assauts pour la bagatelle.

Tu l’auras compris, j’ai bien sûr nommé Joëlle
Qui, à tes côtés, m’offrit gîte exceptionnel
Prépara barbeuq et me remplit la gamelle
De crudités, de fruits, de soupe aux vermicelles…

Et j’ai vu tes vaines tentatives cruelles
D’y glisser sournoisement trois tonnes de sel
Tu as même tenté, ne mens pas, la javel !
J’ai trouvé les sachets vides dans la poubelle…

Je n’ose imaginer mon séjour sans ta belle :
S’il n’y avait que toi qui tirait les ficelles,
Assassin, tu m’aurais servi de la semelle
Arrosée de l’eau de la dernière vaisselle.

Bref, de quoi endolorir ma pauvre rondelle.
Ah ! C’est sur, tu ne fais pas dans la dentelle
Je devrais te vouer une haine mortelle...
Mais non ! à vous deux des « merci » en ribambelle…

« Mémoires d’un urbain dans le Far-South »

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il me souvient nos jeux et cette rime en ouve
Que tu attends, c'est vrai, je suis un vrai pignouf
J'eus, c'est vrai jadis, tu me crois, un taf de ouf
qui me bloqua, coinça, pire en fait qu'être au gnouf.

Bref je reviens et déjà, en loussedé, je pouffe,
Je hurle aux étoiles comme le loup hèle sa louve,
Je ricane et me gausse tel un vrai Jean-Paul Rouve
Je le fais, c'est vrai, non sans un certain barouf.

Me voilà libéré, telle l'ardente flouve
Tu sais cette graminée que les bovins bouffent
et qui pousse, sauvage, dans les villages de stchroumpf...
mais non, tu l'ignores, tu n'es qu'un vil patapouf.

Il suffit, je me lasse, je m'en vais faire un plouf
Autour de mon château, dans l'une de mes douves
Ensuite je m'offrirai un instant sur un pouf
Avec mon aimée qui de ses yeux bleus me couve.

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Cher pignouf humide

Ce sonnet ne restera pas un millésime.
Avoue-le ça ne vaut pas le moindre centime.
À te lire je crus tomber dans grand abîme
Pour tout dire j'ai frôlé la grande déprime.

Mais, je loue ton abnégation - qu'elle est sublime!-
Face au peu de choix que propose cette rime.
Je le confesse: la rime en "ouve" est rarissime,
Seul le vrai poète en est digne et légitime.

Ne crois pas, mon ami, que je te sous-estime
Ne vas pas voir dans tout cela que de la frime
Mais "prouve", "trouve", "approuve" font de belles rimes
"Il faut qu'je move" des Ritas et tout'l'toutim

Petit rimailleur, je serai un grand magnanime ;
J’ai encore en mémoire ces soirées de limes
Avec des pandas et des chèvres cacochymes
Je te laisse une chance de retrouver les cimes

Je sais bien qu’en ce moment tu sues et tu trimes
Mais entre deux pubs pour Disney, Fuji ou Dim
Tu retrouveras bien la flamme qui t’anime
La rime est à ton choix, et c’est ta chance ultime.

MDM (Maitre Du Monde)

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Cher rimailleur lamentable,

Je l'avoue, je consens, mes rimes étaient minables
Je pourrai même aller jusqu'à dire pitoyables
J'ai perdu semble-t-il mon talent incroyable
Je m'absente un instant, me voilà négligeable

Je ne peux que me faire mon avocat du Diable
Je jouerai donc franc jeu, mettrai cartes sur table
Cette période fut pour moi fort préjudiciable
Ayant perdu le sens de mes rimes impeccables

Il me faut retrouver le goût de l'estocade
De la joute, du piquant, de l'assaut imparable
Je dois reconquérir cette place enviable
Celle dont je me croyais pourtant indétrônable

Profite de ma faiblesse passagère, regrettable
Jouis de mon déclin du moment, indéniable
Mais sache bien poète nain des bacs à sable
Que je prépare en fait un grand œuvre véritable

Pour l'instant, il est vrai, mon style est peu enviable
Je te laisse savourer ces instants lamentables
Les rimes que j'aligne sont assez imbitables
Je devrai un temps encore m'aguerrir au scrabble

On cause, on cause mais voilà, le temps implacable
Nous rappelle tout de même qu'amasser ces vocables
Grignote une part certaines de nos journées ouvrables
Je replonge aussitôt dans mon ordi portable...

DdU (Dieu de l'Univers)

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Ami, je te réponds sans perdre une seconde
Tellement l’allégresse dans mon cœur abonde.
Ta verve…Non ! Tu as bien lu, ne soit pas blonde,
Et ne vas pas penser que je te dévergonde
…Ta verve, donc, que je redoutais moribonde
A enfin retrouvé sa fierté et sa faconde.

J’ai jouis de relire ton humour à la James Bond
Celui qu’il susurre à l’oreille de Raymonde
Pour lui rappeler qu’il la trouve bien gironde
Et qu’il ne l’abandonnerait pour rien au monde
Malgré son haleine plutôt nauséabonde.
On le sait tous : dans la flatterie, il abonde.

Je n’ai pas eu ce rire grossier et immonde
Qu’osent lancer certains clochards ou vagabondes.
Non, plutôt un sourire discret de Joconde,
Buvant chaque mot de cette prose féconde,
Aérienne comme les ailes d’une aronde,
Parfumée comme un bouquet de roses et d’osmondes.

Tiens !La Crépine est aimable :elle doit être ronde !
Tu dois penser à un abus du Loch Lomond,
Que j’ai chauffé mon crâne dans le micro-onde,
Que dans les artifices je baigne et m’inonde,
Que Le gars de Bagnolet se prend pour Miss monde
Ah ! Il faut que tu comprennes, que tu me sondes.

Ami, j’ai simplement vu une mappemonde,
Celle qui orne le centre de ma rotonde,
Me suis laissé dire avec une joie profonde
Qu’il peut bien y avoir deux co-maitres du monde.

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Tu répliques aussi sec ? J'en suis tout esbaudi
Quel talent, quel brio, que dis-je quel érudit !
Tu forces la cadence, tu carbures au brandy
Ou aurais-tu gobé une encyclopédie ?

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Cher tonnelet-sans-couvercle

Je suis pantois, mon désormais ex-ami Patrick…
A trois vers près tu rédigeais, c’en est comique
Le premier sonnet de l’histoire à vers unique !
Tu aurais peut-être mieux fait en hébraïque.

Admets que je ne puisse être dithyrambique.
Ce fut un chouïa lapidaire et laconique
Et à mon grand dam, frisait le neurasthénique.
Tu as inventé la poésie folklorique.

Attention ! tu es en train de virer relique.
Obsédé sans doute par quelques connectiques,
Ou autres soucis liés aux périphériques,
Le boulot t’étreint, te suce, te rend drastique.

Je concède: c’est bien lui qui apporte le fric
Utile pour nourrir tes gosses faméliques
Remplir le frigo des courses de Prisunic
Et acheter les médocs contre la colique.

Il n’empêche que pour moi le choc fut sismique.
Où est Le Kaiser à l’ironie prolifique ?
Le taquineur sardonique et machiavélique
De la métaphore et du panégyrique ?

Qu’est devenu l’empereur de la sémantique,
Celui-là qui autrefois, sans le moindre hic,
Distillait du Sublime sans recours au mastic,
Aussi leste qu’un portugais scellant sa brique ?

Qu’a tu fait de ce superbe attrait hypnotique
Qui m’envoutait, disons-le, me filait la trique
Comme le ferait une amazone nordique
Ou un torero couillu façon ibérique ?

As-tu délaissé le verbe et la dialectique
Pour consacrer tes neurones à l’aérobic ?
Ou à des chaudes soirées interethniques
A la maison des anonymes alcooliques ?

Mon cher cyber publiciste en pleine panique
je te rassure, ne serais point tyrannique
Peut me chaut si j’espère longtemps ta réplique
J’ai créé ce poème comme un désir uréique.

J’attendrai, en me gavant d’antispasmodiques,
Que tu daignes enfin reprendre ton stylo Bic
Et m’assener à nouveau tes perfides piques…
Maintenant, de ma souris, sur « envoi », je clique.


Olivier LeHic, maitre-de-la-rime-en-ic-il-faut-dire-qu-elle-est-facile

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Et bien soit, s'il le faut, partons à l'abordage
Malgré mon dur labeur je dois m'y engager
Il ne sera pas dit que je laisse d'avantage
À un autre que moi, la place de premier

Assez donc, il suffit que cette rime unique
Elle appauvrit cet art magnifique, ancestral
Une rime alternée et bien plus artistique
Mais je n'veux pas en faire un combat syndical

Continue à rimer, dans ton coin, solitaire
Je préfère, quant à moi, retrouver le parfait
Continue s'il te plaît, ces rimes délétères
Entretiens, si tu veux, ce terrible forfait

Je te laisse le choix, je suis bien magnanime
Fais mumuse en croyant que tu refais le monde
Etales ton ego, ta superbe et ta frime
Nous savons toi et moi que ton style est immonde

"I am back !" disait l'autre, fini les pâtes riches
Affûte ton cerveau, si celà est possible,
Pries ton dieu, pète un coup, caresse ta barbiche
Tu as ris tout l'été, l'hiver sera terrible.

Voilà pour un début, dis-toi que je reviens
Pour te botter le cul que je pressens cagneux
Simple supputation mais tu n'y es pour rien
Les seuls responsables de ton état sont tes vieux

Va donc jouer à la balle avec ceux de ta rue
Laisse moi s'il te plaît les affaires de rimes
Il n'est pas né encore celui qui aurait cru
M'envoyer ad patres, me jeter aux abîmes

Bye Bye mon arbrisseau, mon doudou, mon lapin
Papa est revenu, fais dodo mon poussin

John Rambo (le pas beau ivre)

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Mon amour

Il a tout de même fallu que ton orgueil,
Tel un clito racorni de bénédictine
Soit titillé par mes assauts de Proserpine
Pour qu’enfin ta faconde quitte son cercueil.

Te lisant, j’imaginais s’écarter la fente
De ta plume sous le poids de ton beau courroux,
Risquant à chaque instant d’y glisser dans ce trou
Ainsi crée sur le papier, son encre luisante.

Qu’il est beau, homérique, le fier Hidalgo
Lorsque, quittant souris, clavier et appareils,
Il va s’asseoir avec un pastis sous la treille
Pour créer ainsi de l’extase tout de go.

Enfin ! Patbac a réintégré le club des Mythes,
Ceux qui savent à leurs lecteurs trouer le cul.
Pour une fois il ne fut pas interrompu ;
Je parle, tu l’auras compris, de mon coït.


Jehune Grossmitt, l'enrhumé

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Cette histoire me fut contée par un troubadour
Qui arrivait d'un pays d'au-delà des mers
Il raconta si bien de sa voix de velours
Que j'en ai rit à me taper le cul par terre.

Il s'agissait d'un homme, un simplet pour certains
Il était différent et on le jugeait fou
Mais il n’aimait rien tant qu'épauler son prochain
Il rendait donc service dès le matin debout.

Ce jour précisément, un plafond il peignait
Quand surgit à midi un drôle d'énergumène.
Le voyant de la sorte sur l'échelle perché
Il lui tint ces propos sans agression ni haine.

Vous voilà haut perché Monsieur le Picasso
N'y voyez pas malice, ni désir pulsionnel
Mais vaudrait mieux pour vous vous tenir au pinceau
Car je vais de ce pas vous retirer l'échelle.

Ce qu'il fit aussitôt et sans perdre de temps
Quitta la maisonnée, l'escabot sous le bras.
L'autre gars étonné et plutôt mécontent
Y est encore pendu depuis tout ce temps-là.

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Dans un tout autre registre

Il est parti, le Normand, rejoindre sa terre
Usé par le temps mais, debout, encor fier,
Emportant avec lui ses secrets en l’éther ;
L’hiver, sournois, en fut le funeste sicaire.

Derrière lui, pantelante, reste une femme,
Celle-là même qui lui donna corps et âme
Lorsque, jouvenceau, il lui déclara la flamme
Qui brulait encore jusqu’à ce trépas infâme.

Cet homme, vagabond des terres et des mers,
Alcôve à la fois des savoirs et des mystères,
Vivier de saines passions et courtes colères,
Cet homme pleuré, c’était avant tout mon père…

Olivier 15 décembre 2010

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Mon ami, je sens d'ici ta grande souffrance
A trouver rime ad hoc, gorgée de quintessence
Pour cet amour dont tu me feras allégeance
Au sujet de la nouvelle année qui s’avance.
Ta dévotion a mon égard est si immense,
Qu'encore tu hésites a sortir de ta transe,
Afin d’oser me dédier quelques belles stances
Qu'usuellement tu me livres en abondance.

Malheureusement pour toi, pas de chance Hortense!
Il se fait que, pour une fois, je te devance.
J’ai donc le choix de cette rime aisée en "ance"
Qui, je l'avoue, me donne certaine assurance;

Elle me permet de te dire: "santé, bonheur et chance"
Ou encore: "prête moi cinq mille fait moi confiance"
Ou bien: "stupre et lucre tu feras abstinence"
je te laisse, ami, deviner ma préférence…

Reyvilo

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Je suis, il faut le dire, carrément sur le cul
Ta verve et ton talent m'en bouchent encore un coin
Trop fort, trop rapide, trop tout, j'avoue tu m'as eu
Je m'en vais illico noyer mon gros chagrin.

Je fus absent longtemps, il vrai, à Noël
Etant rentré mardi, je n'ai pas eu le temps
De t'annoncer mes voeux, de te la souhaiter belle
Je m'en vais donc remédier à ce manquement.

J'en ai une qui j'espère te fera bien sourire
Je ne sais si je peux mais je fais à ma guise
En souvenir ému de nos soirées délire
Je dirai simplement si ONZE faisait la bise ?

Patbac
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vendredi 14 mai 2010

La douce torpeur des arbres - Collectif


La douce torpeur des arbres
[Collectif]


Prologue

Tout a commencé quand ils ont découvert cette fléchette de sarbacane fichée dans la gorge du garde forestier. L'homme était raide de chez raide. Raide à tel point, et dans une position si singulièrement crispée, que l'hypothèse d'un poison rare et fulgurant s'est imposée naturellement à tous, suivie des conjectures folkloriques de rigueur. Les meurtres à la sarbacane demeurent suffisamment rares dans les forêts sarthoises pour que certains gendarmes de Malicorne y voient aussitôt un signe quasi divin, une autoroute dallée de pétales de roses rouge sang, étincelante vers la célébrité et le galon d'or supplémentaire.

Bien sûr que l'affaire n'avait rien d'ordinaire et je ne peux pas les blâmer de s'être engouffrés à fond dans ce qui allait devenir "l'Affaire des Amazoniens". Que l'on comprenne également ma motivation de retrouver rapidement Charles, mon fils aîné, en vacances avec son cher père, votre narrateur. Charles, disparu subitement deux jours plus tôt, justement… avec son jouet préféré du moment, sa sarbacane de compétition... mais revenons-en à la découverte du premier corps... oui, il y eut bien ce premier corps, suivi de bien d'autres, un véritable festival de morts littéralement foudroyés et procédons avec ordre et méthode en commençant par le tout début du début...

Chapitre 1

Eté 2009. Charles venait d'être promu bachelier ce qui s'avéra parfaitement inattendu tant l'énergumène tient les études en horreur. Las de me battre, j'avais, je l'avoue, baissé les bras depuis des mois et rangé mes arguments de père dépassé par l'époque et ses tendances. C'est en tout cas ce qui m'était signifié d'ordinaire et doctement par ma paire de descendance, sa sœur Marie se solidarisant avec tous les combats fraternels dès qu'il s'agissait de me renier.

"- Passe ton Bac d'abord…
- Ce papier qui ne sert qu'aux parents ?
- On en reparlera après…
- Là, j'ai justement un peu de temps, parlons-en maintenant !"

Provoquer des débats familiaux participait aux fondements éducatifs partagés et mis en place très tôt avec ma femme Juliette. Nous avions obtenu des résultats tellement prometteurs que, ces dernières années, nous nous retrouvions finalement piégés, empêtrés et sommés de justifier chaque décision parentale. Convaincre un enfant de huit ans est un exercice élémentaire, faire entendre raison à un ado qui en compte le double, demande à la fois une dialectique solide et une cohérence quotidienne éprouvée. Était donc survenu l'âge où l'on prend son pied à casser ce que l'on a vénéré. Le Bac devint rapidement un champ de batailles où j'accumulais personnellement les défaites cuisantes face à des troupes alliées déterminées. Après avoir sonné la retraite je décidais donc d'adopter un profil bas. Moins le sujet serait évoqué plus il aurait des chances d'être couronné de succès, pensais-je. Ce qui fut le cas.

Charles était donc rentré autant victorieux que soulagé et plutôt fier de m'annoncer le résultat de l'épreuve qui m'empêchait de dormir depuis plusieurs nuits. Après les effusions d'usage, accolade, embrassade, ainsi que les félicitations de rigueur, "Formidable", "Bravo", "Je le savais" (menteur), nous procédâmes au rituel incontournable et jadis promis, à savoir sabrer une Cristal Louis Roederer 2002, héritage opportun d'un vieil oncle collectionneur de millésimes dispendieux. Ce jour-même, après la seconde flûte, je proposais à Charles une virée à deux au pays des rillettes, ce même oncle richissime m'ayant aimablement légué une fermette coquettement retapée au centre d'un domaine de plusieurs hectares de prairies et de bois.